13/10/2025 francais.rt.com  4min #293327

 Coup d'État à Madagascar : l'armée met fin au régime du président Andry Rajoelina et instaure un couvre-feu national

Madagascar : le président Rajoelina va enfin s'exprimer après plusieurs jours d'absence publique

Source: www.globallookpress.com

Andry Rajoelina, président de Madagascar

Alors que la contestation enfle depuis plus de deux semaines et que les militaires se sont ralliés à la rue, le président Andry Rajoelina doit prendre la parole ce 13 octobre à 19 h. Porté disparu depuis la mutinerie, il est attendu au tournant par une population qui réclame massivement sa démission.

La situation reste confuse à Madagascar, où le président Andry Rajoelina s'est muré dans le silence depuis plusieurs jours. Ce 13 octobre au matin, personne ne pouvait confirmer où il se trouvait réellement, tandis que des rumeurs de fuite circulaient. Il aurait quitté la capitale pour l'île Sainte-Marie, avant de monter à bord d'un avion de l'armée française - une information fermement démentie par ses proches.

La présidence de la République a annoncé sur Facebook que le chef de l'État s'exprimera finalement ce 13 octobre à 19 h. Une allocution très attendue, alors que le pays est secoué depuis le 25 septembre par une vague de manifestations populaires, initiées contre les coupures d'eau et d'électricité, et qui se sont rapidement transformées en un mouvement massif réclamant la démission du président.

Ces rassemblements, portés principalement par le collectif de jeunes baptisé « GenZ », ont été réprimés dans le sang. Selon les Nations unies, au moins vingt-deux personnes  ont été tuées et plus d'une centaine blessées. Le président Rajoelina, lui, parle de douze morts, tous « des pilleurs, des casseurs ».

L'armée prend le parti du peuple

 Le 11 octobre, une mutinerie a éclaté au sein du Capsat - une unité militaire historiquement proche de Rajoelina. Toute l'armée a ensuite rejoint ce mouvement, refusant de continuer à réprimer la population. Le lendemain, cette unité a nommé un nouveau chef d'état-major, le général Démosthène Pikulas, sans attendre l'aval du président. Ce dernier a dénoncé, dans un communiqué, « une tentative de prise de pouvoir illégale et par la force ».

Sur le terrain, la mobilisation populaire ne faiblit pas. Près d'un millier de personnes se sont rassemblées le 12 octobre sur la place du 13-Mai, à Tananarive, lieu emblématique de toutes les grandes révoltes depuis 1972. Des blindés de l'armée ont traversé la foule sous les acclamations. Des figures de l'opposition étaient présentes, dont l'ancien président Marc Ravalomanana - renversé par Rajoelina en 2009 - mais aussi Mikolo, jeune étudiant de dix-neuf ans devenu symbole de la contestation.

Le colonel Michael Randrianirina, à la tête de la mutinerie, a pris la parole sur l'estrade : « Chers citoyens, la victoire est dans quelques jours. » Il a ensuite précisé que l'objectif du mouvement n'est pas de prendre le pouvoir, mais d'obtenir une solution dans le cadre de la Constitution.

Un pouvoir affaibli, des soutiens en fuite

Dans ce climat de rupture, les principaux soutiens du président l'ont abandonné. Son ancien Premier ministre Christian Ntsay et l'homme d'affaires influent Mamy Ravatomanga ont quitté le pays pour l'île Maurice.

Le pouvoir tente néanmoins de reprendre le contrôle. Le nouveau Premier ministre militaire, Ruphin Zafisambo, a appelé au dialogue. La communication officielle insiste sur le fait que le président reste « dans le pays » et continue de gérer les affaires courantes, malgré les doutes sur sa localisation.

En attendant son allocution, l'incertitude demeure totale. La population, particulièrement éprouvée par la pauvreté, espère des réponses claires. Mais dans les rues d'Antananarivo, beaucoup misent sur une démission. Une manifestante affirmait : « Plus de dinosaures politiques, s'il vous plaît, on en a assez vus. »

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